Déjà asphyxiés par les effets de la Covid-19, l’inflation mondiale ou encore les conséquences de la guerre en Ukraine, les Etats africains se voient plumés par les institutions financières internationales. Lesquelles, par «une perception exagérée, leur appliquent des taux d’intérêt élevés. Une gourmandise de la finance internationale envers les pays africains choque Macky Sall, le
Déjà asphyxiés par les effets de la Covid-19, l’inflation mondiale ou encore les conséquences de la guerre en Ukraine, les Etats africains se voient plumés par les institutions financières internationales. Lesquelles, par «une perception exagérée, leur appliquent des taux d’intérêt élevés. Une gourmandise de la finance internationale envers les pays africains choque Macky Sall, le président sortant de l’Union africaine qui n’a pas manqué de dégrader les agences de notation, pas toujours droit dans leurs notes.
Les banquiers braquent les Etats africains. Les taux d’intérêt élevés appliqués par les institutions financières internationales aux Etats africains agitent et inquiètent aujourd’hui sur le continent. Partout le constat semble être le même : les prêteurs mettent les pays au bord de l’asphyxie. Ce qui plombe du coup l’investissement sur le continent qui en a besoin pour faire face aux besoin pressant des populations.
Samedi dernier, lors de discours de passation de pouvoir à la présidence de l’Union africaine, le président du Sénégal, Macky Sall, a lancé aux institutions financières internationales un fort plaidoyer pour de l’argent bon marché. Cela afin de doper l’investissement et chasser définitivement la frilosité, face à cette conjoncture morne où certains pays hésitent à s’endetter. Ou boivent la tasse pour ceux qui sont obligés face aux urgences. «Dans mon adresse de prise de fonction du 5 février 2022, ici même, je disais que nos économies sont sous financées et mal financées, parce que nos pays continuent de payer de façon injuste des taux d’intérêt trop élevés, à cause d’un système inéquitable d’évaluation du risque d’investissement», a d’emblée fustigé le chef de l’Etat sénégalais, président sortant de l’Union africaine. Des déclarations confirmées, selon lui, par plusieurs études dont le Rapport 2022 sur le financement du développement durable publié en avril 2022 «qui a relevé en termes explicites la sévérité des Agences vis-à-vis des pays du Sud et leur relative indulgence à l’égard des pays industrialisés».
A titre illustratif, il signale qu’en 2020, en pleine pandémie, 18 des 32 pays africains évalués par au moins une des grandes agences ont vu leur notation dégradée ; soit 56% contre une moyenne mondiale de 31%. Citant ledit rapport, le Président Sall relève, à l’inverse, que : «Les pays développés, qui ont connu une augmentation de leur dette et un ralentissement économique beaucoup plus important, ont largement échappé aux dégradations, ce qui renforce leur accès à un financement de marché abondant et abordable».
Agences de notation dégradées
Selon lui, le document a également relevé la défiance des Agences de notation vis-à-vis de l’Initiative de suspension du service de la dette, pourtant décidée de façon consensuelle par le G20, instance habilitée en la matière. En effet, les Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, qui font chantés les Etats et qui ne sont pas toujours droit dans leurs notes, en ont pris pour leur grade dans le rapport. Cela, parce que, souligne Macky Sall, plusieurs pays africains ont ainsi vu leur notation mise sous surveillance, avant même leur participation à l’Initiative. Ce qui a contribué à aggraver la perception du risque dans ces pays et à dégrader leur notation, comme si les agences s’érigeaient en instance de régulation au-dessus des institutions intergouvernementales. Une myopie de ces vigies censées prévenir les dangers en amont qui empêche de nombreux Etats à accéder aux prêts à des taux bas et les poussent à se tourner vers des agences plus arrangeant.
C’est pourquoi, annonce le président du Sénégal à la tribuine de l’Ua, le rapport recommande l’adoption de «méthodologies transparentes afin de ne pas miner la confiance dans les notations». Et de rappeler que cette étude qui fait autorité a été réalisée par une soixantaine d’institutions multilatérales, dont le Fmi, la Banque mondiale, le Comité de Bâle sur la supervision bancaire, l’Association internationale des régulateurs de l’assurance et le Conseil de stabilité financière. «Tout cela montre que nos efforts de développement ne pourront prospérer tant que perdurent certaines règles et pratiques de la gouvernance économique et financière mondiale», alerte-t-il. Non sans signaler que même si la responsabilité première des chefs d’Etat de créer les conditions de développement des pays africains, le sort du continent dépend aussi d’institutions et règles d’après-guerre qui ne prennent pas suffisamment en compte les besoins et intérêts des pays africains. «J’appelle, par conséquent, les pays membres de l’Union et la Commission à participer activement à l’Initiative de Bridgetown sur la réforme de l’architecture financière mondiale, dont l’agenda 2023 prévoit six rendez-vous entre les réunions du Fmi et de la Banque mondiale en avril, et la COP 28 en décembre», a indique le chef de l’Etat sénégalais.
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